Cela fait bien longtemps que je n’ai écrit de petit article dans ce blog.
Et bien voilà, c’est pour aujourd’hui !
Cela fera déjà 10 ans l’an prochain que je me suis lancé dans cette aventure. Aventure un peu folle ? Pour sûr, ce n’était pas banal de quitter une situation « confortable » pour se lancer dans un tel projet. Les circonstances étaient plutôt bonnes à l’époque, et le bio et le « consommer local » avaient le vent en poupe, les risques étaient donc calculés. Et ce fut le cas. Dès les premières saisons, la plus grosse difficulté a été de produire. Les ventes suivaient, il y avait même trop de demandes. La belle époque ! Oui, la belle époque, parce que les temps ont bien changé.
Il n’aura échappé à personne que la conjoncture actuelle est, d’après ce qu’on lit dans la presse ou entend dans les médias, plutôt difficile. Les prix augmentent, l’inflation est galopante, bref, faites vos jeux, rien ne va plus ! Et c’est bien vrai, il est facile de constater que toutes les factures ont augmenté, les tickets de caisse aussi, tout coute un peu (ou beaucoup) plus cher. Et dans une situation pareille, que faut-il faire ? Arbitrer. Décider de ce qui est important, et faire l’impasse sur le superflu. Et le constat est simple : la nourriture est reléguée au second plan (si ce n’est plus loin encore).
Une petite musique semble s’installer sur le bio depuis quelques temps : le bio n’est pas si bio que ça, et c’est trop cher ! La multiplication des labels y est un peu pour quelque-chose. Agriculture à haute valeur environnementale (HVE), agriculture raisonnée, agriculture durable, toutes ces « agricultures » restent basées sur l’agriculture intensive, avec comme objectif principale de « vert-dire » les pratiques, ou plutôt les propos. Le label HVE en est l’exemple le plus flagrant. Il a été créé lors du grenelle de l'environnement, avec un très fort lobby des syndicats agricoles (ceux de l'agriculture intensive et poluante). Ce label a depuis été attaqué pour tromperie et « greenwashing » (les procédures sont encore en cours). Comment peut-on se prévaloir de valeur environnementale quand l’utilisation de pesticides, même les plus toxiques, reste autorisée ? La grande majorité des exploitations agricoles non bio étaient éligibles, pour peu qu'il y ait quelques arbres ou de quelconques haies sur l'exploitation.
Alors oui, j’en ai un peu gros sur la patate !
De voir les clients se raréfier.
De voir les prix tirés vers le bas.
De voir cette incertitude croissante peser sur un avenir incertain.
De voir une sorte d’indifférence face à tant d’efforts déployés chaque jour.
Les échanges avec les collègues en bio mènent aux mêmes conclusions : les ventes sont en baisse, les heures de travail ne sont pas correctement valorisées, la fatigue, mentale, physique, augmente. Ma volonté est ferme : je veux continuer cette aventure passionnante et merveilleuse. Mais ma volonté, aussi puissante soit-elle, n’est pas seule décisionnaire, la réalité économique a aussi son mot à dire. Si la situation perdure, il faudra se remettre en question et envisager de revoir les circuits de distribution. La vente directe aux particuliers est la plus avantageuse, mais elle est aussi la plus aléatoire. La vente à des professionnels ou à des grossistes est plus sûre, mais elle est aussi soumise aux prix du marché, qui sont tirés vers le bas. La vente en AMAP est sécurisante pour le producteur, mais les clients sont-ils prêts à s’engager et à s’investir ? Rien n’est moins sûr. Il n’y a pas de solution miracle. La réflexion est lancée.
Ce n’est pas la fin des haricots ;-)
A bientôt
David